La lecture d’un des romans les plus connus de Luis Sepúlveda, à savoir : « Le vieux qui lisait des romans d’amour » (1989 / 1992) m’a fait plaisir. Une belle petite histoire de 120 pages en 8 courts chapitres, remplie de messages. On réalise vite qu’il y a plusieurs niveaux de lecture. De prime abord, c’est un roman d’aventures où un vieil ermite traque une femelle Ocelot qui est devenue dangereuse depuis qu’un chasseur a tué ses petits.
Le vieil homme c’est Antonio José Bolívar qui vit à la limite d’un petit village amazonien. Cet ancien colon repenti a appris à vivre avec la nature environnante en côtoyant les Shuars (tribu locale), qui en ont presque fait l’un des leurs. C’est lui qui lit des romans d’amour et qui s’interroge sur le sens de mots et des histoires racontées dans ces romans.Dès le début du roman arrive au village par la rivière une pirogue accompagnée de Shuars qui rapporte le corps ensanglanté d’un chasseur. Le maire du village, seul représentant de l’autorité colonialiste, y va de son hypothèse de tuerie entre chercheurs d’or, mais Bolívar lui montre les signes qui ne mentent pas quant à l’attaque mortelle d’un Ocelot. Puis, les morts s’accumulent, des touristes sans scrupule, un chercheur d’or… Malgré le conflit d’influence et d’autorité bien tangible entre Bolívar et le maire, ce dernier a recours à ses services en lui forçant la main. Un petit groupe partira sur les traces de l’Ocelot, pour finalement se retrouver avec Bolívar, qui traque seul la femelle Ocelot. Cette partie devient une sorte d’affrontement symbolique entre le vieil homme et la bête.
La plume de Sepúlveda est simple, tout en étant acérée par un humour sarcastique critique de l’impact de la colonisation sur la forêt amazonienne, les Shuars, et la nature. Il le fait par les noms des villages, des personnages et surtout par leurs attitudes et comportements. Ce qui en fait un roman engagé qui expose la brutalité des blancs et du capitalisme.
En contrepartie, Sepúlveda réussit à nous émouvoir avec son personnage principal, Bolívar, et ses lectures de romans d’amour. Bolívar, il se prend à rêver, il est nostalgique, il se sent vieillir, il est seul… L’auteur nous met ces éléments en scène de façon poétique et philosophique, avec les romans, avec la femelle Ocelot et dans les interactions avec les personnages. C’est un livre à lire au moins deux fois pour y voir différentes couches d’écriture.
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