La lecture de « La Princesse des glaces » de Camilla Lackberg est divertissante. Toutefois, j'ai l'impression que l'on se rend compte qu'il s'agit de son premier roman du genre, d'autant qu'on en a lu d'autres avant. C'est dans ce roman que le lecteur fait connaissance avec Erica Falck, son personnage principal qui, pourrait-on dire, lui ressemble, une sorte d'alter ego. Une femme de trente-quatre ans, écrivaine de biographies qui est de retour à Fjallbacka, sa ville natale, suite au décès des parents.
Le roman s'ouvre sur la mise en scène du meurtre déguisé en suicide de la «Princesse des glaces». Erica va apprendre que le corps de son amie d’enfance, Alexandra Wijkner, a été découvert gelé dans la baignoire de sa maison. Tout le village est sous le choc. La police penche d'abord pour un suicide, mais, rapidement Erica remarque qu'il y a des choses qui clochent dans la mort d’Alexandra. Elle fait la rencontre de l'enquêteur Patrik Hedstrom, qu'elle a connu dans sa jeunesse. Il vont d'abord enquêter en parallèle avant de finalement travailler ensemble. Ils commencent vraiment à penser qu’il s’agit d’un meurtre déguisé. Erica décide également d'écrire un livre sur son amie Alex, l'enquête alimente son récit biographique.Les questions adressées aux proches d'Alexandra, son mari, ses parents, leur font découvrir des tensions, des silences qui trahissent des secrets du passé. En faisant des liens entre des personnages et des événements, Patrik et Erica se rendent compte qu'une ancienne disparition inexpliquée d'un garçon du village, Stefan Lorentz, semble liée à leur enquête. On apprend qu'Alexandra menait une double vie, derrière son image parfaite, elle cachait des relations amoureuses et un passé familial trouble lié à des abus dans sa jeunesse. Une de ses relations, Anders Nilsson, a été vu entrant et sortant de chez elle. Quelques jours plus tard, il est retrouvé pendu chez lui. Est-ce le meurtrier? Eh bien non, il s'agit d'un autre crime.
Les décisions passées des parents d'Alex semblent de plus en plus suspectes. Henrik, son mari, semble aussi cacher quelque chose. Puis de nouveaux indices démontrent qu'Alex n'était pas seule dans la maison le jour de sa mort. Plusieurs personnes de la communauté locale se retrouvent impliquées indirectement. Erica découvre un journal intime d'Alexandra qui lui révèle les abus et agressions survenues dans sa jeunesse. Ces informations et celles qu'a récoltées Patrik les dirigent vers la famille Lorentz. Toutefois, on apprend également que les parents d'Alexandra, Birgit et Karl-Erik Carlgren ont monnayé leur silence tout en quittant le pays pour quelque temps. La mère d'Anders Nilsson, Vera, qui fait le ménage chez les Lorentz, a aussi monnayé son silence et elle faisait également le ménage chez Alexandra Wijkner, la «Princesse des glaces».
Puis, Erica et Patrik réussissent à faire la lumière sur le meurtre. On découvre qu'Alexandra a été tuée pour éviter que les secrets de famille éclatent au grand jour, la réputation des familles étant plus importante que la vérité. Mais là, les secrets sont enfin révélés causant de nombreuses souffrances.
Le meurtrier n'est jamais là où on pointe votre attention. Je me rends compte, en essayant de réaliser un résumé de cette histoire, qu'il s'agit d'un roman dense, remplie de liens et d'entrelacements entre les personnages sur plusieurs générations. Et je n'ai pas parlé de la relation amoureuse naissante entre Erica et Patrik, ni de celle destructrice entre Anna, la sœur d'Erica, et Lucas, son mari violent. Que dire de cette autre relation entre Alexandra et Dan Hedstrom, le frère de Patrik, qui est à l'origine de la volonté d'Alex de faire la paix avec son passé, alors que Dan voulait y mettre fin pour préserver sa vie de famille avec Pernilla... Les romans de Camilla Lackberg contiennent souvent des secrets familiaux, des enfants cachés ou abandonnés et des relations amoureuses complexes.
C'est un roman qui saupoudre les révélations (ou indices) tout au long des chapitres. Il y en a peut-être trop de ces liens entre les familles. L'ambiance tout au long du roman n'est pas très rose, malgré les quelques touches d'humour. Lackberg réussit à maintenir le suspense jusqu'à la fin, mais je me demande finalement si le fait de savoir qui a tué était vraiment important après tout ce qu'on a appris au sujet des personnages et de leur famille. Le roman montre à quel point des secrets enfouis peuvent empoisonner la vie des personnes et parfois sur plusieurs générations. L'auteur nous expose également une situation où des traumatismes de jeunesse peuvent générer isolement et solitude. Alexandra et Anders se retrouvent en quelque sorte pour partager leurs souffrances passées. On peut aussi se demander comment, dans un petit village comme Fjallbacka, où tout semble calme et respectable, les résidants vont-ils se remettre de cette explosion de la bulle des apparences. C'est un bon roman et les suivants sont meilleurs. Camilla Lackberg est une star de la littérature suédoise.
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