J'ai apprécié la lecture du récit «L'alouette affolée» de Gilbert Boulanger, un des rares vétérans québécois de la 2e grande guerre ayant été déployé en Europe. Il y a peu de témoignage écrit de soldat québécois et encore moins d’un mitrailleur au sein du 425e escadron Alouette. Il se raconte 65 ans après les événements. Il s'est enrôlé comme volontaire dans l'aviation le jour de ses 18 ans par amour pour les avions, son envie de voler et parce que l'école ne lui disait rien.
Son écriture est simple et directe, mais son récit se lit comme un roman d'aventures avec une séquence de sa vie dans chaque chapitre. L'auteur entrecroise les éléments de sa vie personnelle avec sa vie de militaire et ses missions de combat. Après son long entraînement, il choisit d'être mitrailleur pour se rendre plus rapidement au combat, son rêve de devenir pilote sera remis à plus tard, car il exigeait une autre année à l'écart de l'action. Il sera d'abord envoyé en Angleterre pour se joindre à un équipage de bombardier Vickers Wellington. Il sera déployé en Tunisie avec son équipage en ayant pour mission de bombarder des sites stratégiques sur l'Italie dirigé par Mussolini. Un atterrissage d'urgence dans le brouillard va dissoudre son équipage, un drame qui le laisse sans avion, il devient un «spare machine gunner». La mission italienne terminée, la RCAF donne ses bombardiers bimoteurs à l'armée française. Boulanger rentrera en Angleterre par bateau pour être formé pour les bombardiers Avro Lancaster quadrimoteurs, de grosses machines de guerre. Il se trouve de nouveaux coéquipiers, la formation ne sera pas trop difficile à son poste, puisque l'armement est le même. Il participera à des missions en Belgique, au Danemark, en France, où là c'est plus risqué. Il participera au débarquement en Normandie du haut des airs, finalement il bombardera l'Allemagne nazie. Tout au cours de ces missions, il fréquente une jeune Anglaise, Marie Eileen Rees, qu'il épousera parce qu'elle est enceinte. Après 37 missions, il est libéré de l'aviation et il retourne au Canada par bateau. Il apprendra la fin de la guerre lors de cette traversée, il ne saute pas de joie, car il pense à tous ces morts civils et militaires.Son épouse le rejoindra au Canada, ils seront ensemble toute leur vie. Ce récit, ce n’est pas seulement l’histoire d’un militaire, c’est aussi l'histoire d'un jeune rêveur partie d'une région rurale qui découvre le monde et l'ampleur de son ignorance. Il en fait souvent mention. Boulanger sera honoré par la ville de Courseulles-sur-Mer, qui donnera son nom à une école primaire. Cet événement fera l'objet d'un documentaire autour du personnage qui profitera de cette occasion pour dire au québécois qu'ils devraient se rappeler davantage des efforts que les alliés ont dû déployer pour mettre fin à cette guerre mondiale. Gilbert Boulanger est décédé en 2013, la première version de son ouvrage est parue, à compte d'auteur, en 2006, puis elle a été remaniée et publiée par Lux en 2010. Un récit fort pertinent, on remercie l'auteur d'avoir pris le temps de le rédiger.
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