«Les Années» est un récit autobiographique d’Annie Ernaux publié en 2008. Ernaux y mêle un récit personnel aux événements nationaux et aux changements dans la société de son époque de 1940 à 2000, environ. Le récit plus personnel est essentiellement lié à des descriptions, souvenirs et réflexions associées à quelques photos de famille où l'auteur apparaît à différentes périodes de sa vie. Les enjeux sociaux peuvent également faire l'objet de quelques scènes plus familiales, voire intimes. À cet égard, le lecteur pourra avoir l'impression que la sexualité occupe une bonne place dans l'ensemble du récit. Il y est aussi question de la condition des femmes qui évolue rapidement durant ces années, notamment avec l'introduction d'une contraception beaucoup plus accessible.
En ayant écrit cet ouvrage à la troisième personne, l'auteur évite d'être trop narcissique et de centrer le récit sur sa personne. D'autant plus qu'elle fait le récit sociologique d'une époque pratiquement plus que celui de sa propre vie. Ce qui peut amener le lecteur à se demander est-ce des souvenirs ou un choix délibéré de grands titres des journaux? Au fil de ma lecture, je constatais que le récit était de moins en moins personnel et qu'il défilait de plus en plus vite. D'ailleurs, j'ai apprécié davantage la première moitié du récit. J'y ai aussi vu que le cynisme à l'endroit de la chose politique ne date pas d'aujourd'hui. Aussi, en adoptant une approche presque documentaire, Ernaux installe une atmosphère plutôt froide. On en vient à se demander, a-t-elle été heureuse, «il est où le bonheur?».D'entrée de jeu, j'ai aimé ce récit parce que j'aime me rappeler les débuts de ma propre vie; nostalgie quand tu nous tiens. Lire que certains de nos souvenirs convergents avec ceux de l'auteur nous réconfortent nous fait plaisir, comme Kiri le Clown, dans mon cas. Nous ne sommes pas de la même génération, mais certaines des transformations du monde dans lequel on évolue touchent à tout le moins l'ensemble du monde occidental, comme la technologie numérique, la consommation et ses publicités, etc. D'autres aspects sont propres à la société française et ça colle moins. Mais je crois que chacun peut y retrouver une part de son propre passé. On se plaint justement que la mémoire commune (certains diront un imaginaire collectif) d'une génération ou d'une communauté est aujourd'hui pratiquement impossible à construire compte tenu de la diversification des modes de communication.
Ce récit nous confronte avec le temps qui passe. Je crois qu'Ernaux nous expose également jusqu'à quel point nos souvenirs individuels peuvent être influencés par le discours ambiant d'une époque. On est rempli de connaissances, d'expériences, de souvenirs, etc., qui vont s'éteindre avec nous.
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