La lecture de «Ce que savait la nuit» (2017 / 2019) de Arnaldur Indridason vous plonge dans un curieux roman policier. On y retrouve Konrad, un ex-policier enquêteur à la retraite et veuf qui continue d'enquêter à temps perdu sur le meurtre de son père, un policier corrompu. Mais voilà que le cadavre d'un homme disparu, Sigurvin, réapparaît trente ans plus tard, coincé dans un glacier visité par des touristes. Il s'agit d'une affaire non résolue de Konrad. L'examen du corps nous apprend qu'il s'agit bien d'un meurtre et non pas d'une disparition. Le principal suspect de l'époque, Hjaltalin, est arrêté de nouveau et il affirme qu'il ne parlera qu'à Konrad.
Ainsi, notre retraité reprendra l'enquête de façon non officielle avec la permission de Marta, la chef de la police criminelle. Le suspect Hjaltalin, un ami de Sigurvin, répète toujours la même version des faits et Konrad a tendance à le croire, mais il garde ce sentiment pour lui. La découverte du corps ayant fait grand bruit dans les médias, ça amène une jeune femme à rencontrer Konrad en secret au sujet de la mort de son frère dans un accident de la route. Son frère, un enfant de 9 ou 10 ans au moment de la disparition, disait avoir vu quelque chose, il y a trente ans, en lien avec la mort de Sigurvin.
Konrad refait le tour de tous les témoins et d'autres personnages qui leur sont associés. Au gré de ses rencontres, des éléments pertinents s'ajoutent en fouillant dans la mémoire des gens un peu plus enclins à s'ouvrir trente ans plus tard. Le rythme est lent, il avance, il revient voir les mêmes personnes. Il constate que son collègue Léo avait la vision en tunnel facile par soucis «d'efficacité». Konrad est hanté par l'idée d'être passé à côté de quelque chose et de voir en Hjaltalin un coupable qui ne l'est pas. Ce dernier, gravement malade, décède d'un cancer, mais une femme est venue le voir en secret à l'hôpital. En retrouvant cette mystérieuse femme, Konrad obtient de nouveaux éléments en confrontant certains témoins, puis de nouvelles histoires font surface.
Par les rencontres de Konrad, Indridason installe une ambiance où il nous décrit les états d'âme des personnages. Il y est question de mensonges, de lâchetés, de remords, d'angoisses, de vies tristes et difficiles qu'on a voulu rendre plus douce en trafiquant la vérité ou en gardant le silence. Konrad finira par découvrir les vérités, mais les véritables coupables n'iront pas en prison... Un roman policier différent rempli d'humanité.
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