La mariée de corail de Roxanne Bouchard


J'avais hâte de lire «La mariée de corail» (2020), un roman de Roxanne Bouchard, parce que j'avais beaucoup apprécié «Nous étions le sel de la mer». Ce roman policier nous présente la deuxième enquête de Joaquin Moralès, le personnage central. De prime abord, j'ai moins aimé cette histoire que la première enquête de Moralès et j'ai de la difficulté à identifier pourquoi. Est-ce la nouveauté qui n'y est plus? L'enquête a-t-elle pris trop de place comparativement à «Nous étions le sel de la mer»? Pourtant, ce roman s’est vu récompensé de quelques prix de littérature policière ici et en France.


Cette seconde enquête de Moralès porte cette fois sur la disparition d’Angel Roberts, 32 ans, pêcheuse de homard. On se rappellera que la première enquête tournait autour de la disparition de Marie Galant, une autre jeune femme. La veille de sa disparition, Angel célébrait son 10e anniversaire de mariage avec son mari Clément Cyr, tous les deux festoyaient à la brasserie du village avec les autres pêcheurs et leur équipage parce qu’il soulignait aussi la fin de la saison de pêche. Elle portait pour l’occasion, comme à chaque année depuis dix ans, sa robe de mariée et Clément son toxédo.

Apparemment fatiguée et mal en point, Angel demande à Clément de la ramener à la maison. Il la raccompagne à la maison, puis, même si Angel aurait préféré qu’il demeure avec elle, il retourne au party pour faire la fête. Trop amoché pour rentrer, Clément couche à auberge, le lendemain à son retour à la maison, sa femme n'est pas là et son bateau n’est plus au quai.

Les membres de la famille Roberts retrouveront son homardier quelques heures plus tard, mais Angel n’est pas à bord. Les recherches pour retrouver son corps se poursuivent et l’analyse des marées et des courants permet de réduire la zone à parcourir. Angel est finalement sortie de l’eau, sans vie, portant sa robe de mariée qui aura aidé à la repérer. Elle était attachée à un cordage et à l'ancre du bateau. À première vue, tout pointe vers un suicide compte tenu de l’absence de coups et blessures ou de marques de défense. Toutefois, quelques éléments de l’analyse des techniciens indiquent plutôt l’intervention d’une autre personne dans le déroulement des événements. Moralès doit trouver la véritable séquence des événements tout en envisageant qu’elle pourrait être le mobile de ce crime sordide; l’argent, une vengeance, une jalousie maladive.

Ce qui l’amène à se plonger dans les histoires familiales des familles impliquées, les Roberts et les Cyr. Moralès découvre des histoires d’amour secrètes, des conflits liés aux conditions de vie des pêcheurs influencées par la réglementation sur la pêche. Ces histoires et conflits traversent les générations et sont perçus différemment d’une personne à l’autre. Ce volet «généalogique» fait que le rythme de l’enquête est lent et qu’elle tarde à aboutir. On sent un parallèle s’établir entre les histoires de cette petite communauté et celle de Moralès et des difficiles retrouvailles avec son fils Sébastien. Deux points de vue différents, deux perspectives aux regards de la mémoire, de la nostalgie, de l’identité liée aux origines, mais aussi au métier, de la résilience face aux contraintes de la vie.

On constate rapidement que, comme dans «Nous étions le sel de la mer», les femmes ayant du caractère occupent une place importante, à commencer par Angel, la disparue. D’ailleurs, il est beaucoup question des rapports homme-femme dans ce roman. On retrouve la poésie associée à la plume de Roxanne Bouchard, mais avec moins d’emphase que dans le premier, à mon avis. Cette poésie passe beaucoup par la présence de la mer et de sa contemplation. Ce contraste entre la puissance dont peut faire preuve la mer et le calme serein de l’océan au coucher du soleil. Elle nous expose bien le quotidien de cette communauté de pêcheurs gaspésiens. J’ai bien aimé me retrouver en Gaspésie à l’automne. Mon récent tour de la région me permettait d’avoir une meilleure idée des lieux.

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