J'avais lu le roman «1984» (1949) de George Orwell en 1984 et j'en ai gardé qu'un vague souvenir de «Big Brother» et de perte de liberté des citoyens. Je ne l'ai pas lu en 2017 lorsque la notion de «faits alternatifs» est apparue aux États-Unis et que le roman a été propulsé au top du palmarès des ventes. Je ne l'ai pas lu non plus pendant la pandémie... Je viens de le relire et l'impression que j'en ai est plutôt mitigée.
Par exemple, d'entrée de jeu, les trois slogans du Parti «LA GUERRE C’EST LA PAIX», «LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE», «L’IGNORANCE C’EST LA FORCE» incitent à la réflexion à l'égard du monde qui nous entoure. On comprend que Orwell a écrit ce roman pour faire craindre le totalitarisme et les dictatures contrôlantes. Il écrit ce roman en 1948 (d'où le 1984, inversion des chiffres) au sortir de la 2e Grande Guerre et l'Angleterre souffre encore, il veut mettre en évidence que Hitler, Staline ou tout ce qui peut y ressembler ce n'est pas mieux pour le simple citoyen «prolétaire». Rappelez-vous que Poutine est un grand admirateur de Staline. Sans oublier Xi Jinping qui est le président de la République populaire de Chine depuis 2013. Il a comme Poutine modifié la constitution pour demeurer au pouvoir. Il contrôle le Parti communiste chinois et sous son autorité le PCC a de plus en plus d'emprise sur la société chinoise. Le roman «1984» de Orwell présente beaucoup de similitudes politiques avec le régime chinois. Par exemple, les membres du «Parti intérieur», ce groupe restreint très près du pouvoir, bien Xi Jinping est issu de ce groupe du PCC et il en va ainsi de génération en génération au sein du parti.D'autre part, le contrôle exercé sur l'ensemble de la population se manifeste bien entendu par la surveillance omniprésente des individus, par la manipulation de l'information aujourd'hui nommée désinformation, par la réécriture de l'histoire et par l'élimination de toute forme de dissidence. Tous ces aspects du contrôle existent aujourd'hui, les gouvernements nous surveillent, les entreprises nous surveillent, les criminels et le monde interlope nous surveillent, mais en partie avec notre consentement même si celui-ci n'est pas nécessairement «éclairé». L'information est tellement manipulée et déformée qu'il est rendu difficile de se faire une opinion nuancée sur de grands enjeux collectifs. La réécriture de l'histoire fait l'objet de débat, notamment dans l'art, le théâtre, la littérature et la sculpture en font notamment les frais. Le champ des possibles en matière de liberté d'expression se réduit de jour en jour, de plus en plus on cherche à faire disparaître les opinions contraires.
Le roman de Orwell va encore plus loin puisqu'il introduit la «novlangue» dont l'objectif est de rendre impossible l'expression d'une idée, d'un sentiment ou d'un événement contraire à la doctrine du Parti. Considérant la relation des personnages de Winston et Julia, Orwell veut nous démontrer que «Big Brother» et le Parti vont jusqu'à contrôler la vie privée, l'intimité des gens. Les mariages ne sont autorisés uniquement pour les unions qui ne reposent pas sur l'amour. Le Parti prône l'abstinence et préfère que les enfants naissent par insémination artificielle. En fait, le Parti dirige toutes les énergies de la population vers l'adulation du grand chef «Big Brother» et vers leur aversion à l'égard de l'ennemi public numéro un Emmanuel Goldstein. On cherche à effacer l'individu, faire disparaître le libre arbitre au profit d'une idéologie omniprésente et bien assimilée au point de dénoncer ses proches qui y dérogeraient.Le message de Orwell passe bien et il est bien compris, il faut craindre le totalitarisme et tout ce qui nous en approche. En ce sens, le roman de Orwell fait œuvre utile. Cependant, si je m'en tiens à l'histoire et au récit de la vie du personnage central Winston Smith, de mon point de vue, ce n'est pas un très grand roman. Est-ce davantage un essai politique? Toutes les analyses que l'on en a faites et qu'on poursuit encore le poussent dans ce camp. Pour ma part, je préfère «La Ferme des animaux» (1945) de Orwell.
Commentaires
Publier un commentaire