Walden ou La vie dans les bois de Henry David Thoreau


J'ai pratiquement lu «Un lac le matin» de Louis Hamelin en parallèle à sa source d'inspiration à savoir «Walden ou la vie dans les bois» (1854 / 1967) de Henry David Thoreau. Je me suis procuré la version française traduite par Germaine Landré-Augier chez Aubier. Cette version a le mérite de nous présenter la version originale en simultané, c'est-à-dire les pages paires en anglais et impaires en français.

Cette œuvre de Thoreau est vraiment considérée comme fondatrice du «nature writing», un genre littéraire basé sur l'observation et la description de la nature. Comme c'est le cas avec «Walden», les auteurs vont souvent faire part de préoccupations environnementales en lien avec leurs observations. D'ailleurs, Rogel dans «La planète du héron bleu» et Leboeuf dans «Les chants perdus de la nature», que j'ai également lu récemment, font tous deux référence à Thoreau. Ça m'a également permis de constater que le «nature writing» peut prendre toutes les formes littéraires, récits, essais, fictions. Sans compter «Retour à Walden - Richard Séguin sur les pas de Thoreau» (2018), une œuvre musicale inclassable réalisée par Séguin et ses acolytes qui incarnent les principaux personnages du récit de Thoreau.

Ainsi, Henry David Thoreau (1817-1862) est considéré comme un poète, un philosophe, un naturaliste, voir un écologiste, un abolitionniste adepte de la désobéissance civile et certainement un homme à tout faire débrouillard. En 1845, il entreprit de bâtir de ses mains une cabane en bordure du Walden Pond tout près de Concord au Massachusetts, sur une terre propriété de son ami Ralph Waldo Emerson. Sa cabane d'une seule pièce faisait dix pieds par quinze, il y habita pendant deux ans et deux mois en tentant d'être autosuffisant. Ce qui l'a amené à faire des réflexions s'apparentant à ce que nous appelons aujourd'hui la «simplicité volontaire». Il ne faut pas perdre de vue que ses opinions prenaient racine dans les impacts les plus évidents de la révolution industrielle.

C'est un compte-rendu de cette aventure qu'il nous fait dans «Walden ou la vie dans les bois». En un peu plus de 200 pages, divisé en dix-huit chapitres, il aborde différents sujets en commençant par «l'économie». Ce chapitre est le plus important en longueur, presque le quart de l'ouvrage, mais il l'est surtout parce qu'il y exprime sa philosophie au regard de son expérience. Thoreau y critique la société de son époque qui déjà voit le matérialisme mener la vie des hommes. Il aborde la question des besoins fondamentaux (nourriture, abri, vêtements) en mettant de l'avant l'idée que les gens travaillent trop parce qu'ils cherchent à obtenir des biens superflus. Il nous rappelle qu'il a construit sa propre cabane avec des ressources limitées, réduisant ses dépenses au strict minimum et que ses besoins étaient comblés. Il croit donc qu'il est possible de mener une vie simple où l’on travaille juste assez pour subvenir à ses besoins... sans s'isoler dans une cabane. C'est ainsi que dans ce chapitre « Economy », il pose les bases de sa philosophie de vie; simplicité, autosuffisance, harmonie avec la nature.

Dans les autres chapitres, il va aborder la lecture, la solitude, les saisons, les animaux, etc. Dans «Sounds», il est notamment question du sifflement du train annonciateur de plein de choses qu'il compare au cri de l'Épervier, il y est justement beaucoup question du chant des oiseaux. Puis dans son chapitre «Visitors», il fait mention de ses échanges avec Alex Therrien, le bûcheron canadien-français, personnage clé du roman de Hamelin.

Sa conclusion s'exprime pratiquement comme un exposé de «croissance personnelle» de notre époque avec un texte rempli d'analogie. Nous avons tous plusieurs vies à vivre dans notre vie, l'humain a la capacité de se renouveler ou de se transformer constamment. Thoreau nous invite à le faire en nous accordant avec la philosophie de vie qu'il met de l'avant. Il nous invite à ne pas nous laisser embrigader par les contraintes sociales, spirituelles ou économiques de la société.

On comprend que cet ouvrage accompagné de «Désobéissance civile» en 1849 ait eu des airs de document «révolutionnaire» et fût rapidement traduit en plusieurs langues. On sait que Gandhi (1869-1948) s'en inspira largement pour établir les principes de sa propre philosophie. «Walden ou la vie dans les bois» est un texte touffu, pas vraiment facile à lire. Il faudra le relire un jour. Il y a beaucoup de références contextuelles qu'on ne maîtrise pas, les notes de la traductrice sont fort pertinentes à cet égard. Puis son introduction de 70 pages en forme de biographie de Thoreau est complète et agréable à lire. Mon seul bémol porte sur les noms des espèces d'oiseaux dont les références sont malheureusement trop européennes, les noms anglais et américains de Thoreau sont souvent plus parlant pour les francophones d'Amérique.

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