Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq

 J'ai eu le plaisir de lire le «Chasseur au harpon» (2021) de Markoosie Patsauq. Dans sa version originale traduite de l'inuktitut au français par les bons soins de Marc-Antoine Mahieu et Valerie Henitiuk. Je le précise parce que ce roman a fait l'objet de plusieurs traductions réalisées à partir d’une adaptation anglaise du récit original. Cette «adaptation» a tout de même été réalisée par Markoosie Patsauq, mais elle visait à plaire aux gens du sud et à l'éditeur.

Le «Chasseur au harpon» est le premier roman au Canada rédigé en langue autochtone ("ᐊᖑᓇᓱᒃᑎ" ᓯᕗᓪᓕᖅᐹᖑᕗᖅ ᑲᓇᑕᒥ ᑎᑎᕋᖅᑕᐅᓯᒪᓪᓗᓂ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᑦ ᐅᖃᐅᓯᖓᓂ. ) C'est donc cinquante ans plus tard qu'il est traduit en français à partir du texte original en inuktitut. Malheureusement, Patsauq est décédé avant la parution de cette nouvelle version, mais les traducteurs avaient eu l'opportunité d'en discuter avec lui.


En lisant cette courte histoire, on se frotte vraiment à une autre culture, à autre façon de penser et de s'exprimer. Les phrases sont généralement courtes, simples et directes. Le lecteur du sud que je suis y voit des répétitions, mais elles sont volontaires et propres à cette langue.

Le récit raconte l'aventure d'une communauté inuite contrainte de chasser un ours polaire dangereux parce qu'il est probablement malade. Les chasseurs de la communauté partent donc en expédition pour traquer l'ours et Kamik, le personnage central, se joint au groupe et à son père. Pour eux, la chasse à l'ours est la plus difficile et la plus dangereuse. Les autres membres de la communauté sont inquiets de voir partir leurs proches.

Les chasseurs composent avec les tempêtes et affrontent plus d'un ours et le résultat est tragique. Plusieurs jours passent et la communauté décide d'aller demander de l'aide à la communauté voisine la plus proche, à plus ou moins deux jours de traîneau. Tout ce beau monde part à la recherche du groupe de chasseurs. Ce qu'ils vont trouver ne sera pas joyeux, mais ils connaissaient l'ampleur du danger.

Le roman lui-même fait peut-être 80 pages sur les 120 pages que compte l'ouvrage. La postface de Patsauq et le texte des traducteurs sont remplis d'informations pertinentes qui nous rappellent le contexte et l'état d'esprit dans lequel ce roman a pu être rédigé. Par exemple, on revient sur le déplacement de centaines de famille de la Baie-d 'Hudson vers Résolute par ce que le Canada voulait démontrer sa présence dans le Grand Nord, la famille Patsauq en faisait partie. Ou encore que chacun des Inuits était identifié par un numéro gravé sur une médaille qu'on leur accrochait autour du cou...

Commentaires