Un lac le matin de Louis Hamelin


Le roman «Un lac le matin» (2023) de Louis Hamelin m’a semblé trop court, considérant que le récit dont il s’inspire «Walden - ou la vie dans les bois» de Henry-David Thoreau est tout de même fourni. Nous sommes trois ans après «Les crépuscules de la Yellowstone» de Hamelin qui nous racontait un voyage de John-James Audubon et qui mettait en scène Étienne Provost comme guide. On retrouve ici le même concept dans «Un lac le matin», Hamelin nous raconte la période «cabane dans le bois» de la vie de Henry-David Thoreau (1817-1862) en mettant en scène cette fois Alex Therrien, un bûcheron québécois qui fréquente le même boisé. Louis Hamelin a d’ailleurs mentionné qu’il y aura un troisième titre du genre qui ensemble formeront une trilogie intitulée «Les amitiés du Nouveau Monde».

Dans «Un lac le matin» Louis Hamelin nous introduit à Thoreau au moment où il construit sa cabane au lac Walden près de Concord au Massachusetts. Il aborde surtout son côté naturaliste, écologiste avant l’heure, tout en nous faisant part des gestes et opinions de Thoreau qui ont fait de lui un des écrivains américains les plus connus. Thoreau était poète, abolitionniste, et prônait une forme de simplicité volontaire devant l’arrivée de la révolution industrielle.

Le talent de Hamelin est de nous transmettre toutes ses informations sur le personnage en nous racontant son quotidien. Il y est question de sa famille, notamment de la mort de son frère, de ses amours, de son ami philosophe et mécène Ralph-Waldo Emerson qui lui permet de construire sa cabane sur ses terres. Lidian, l’épouse d’Emerson, occupe également une bonne place dans la vie de Thoreau à cette époque. Puis il y a aussi Alex Therrien, cet ami particulier originaire de Nicolet qui ne semble pas très instruit, mais dont le regard sur le nature et le respect de celle-ci qu’il incarne semble fasciner Thoreau. À cet égard, j’aurais aimé que Hamelin nous en donne plus au sujet de leur rencontre. Il aurait pu y être question de Montréal et de Québec que Thoreau a visités un peu plus tard dans sa vie, malgré l’anachronisme.

Le récit de Hamelin s’inscrit dans le «Nature writing» dont on attribue souvent la paternité à Thoreau. Ainsi, l’histoire bénéficie de description des paysages et surtout de la présence des animaux. Hamelin fait la part belle aux oiseaux, ce qui me faisait un grand plaisir. D’autant plus que pour avoir lu «Walden - ou la vie dans les bois» de Thoreau, Hamelin nous rend service en utilisant les termes francophones utilisés au Québec pour les plantes, les arbres, les animaux et les oiseaux, les européens semblent avoir du mal à traduire correctement les descriptions de Thoreau.

Comme dans «Les crépuscules de la Yellowstone», Hamelin se met en scène dans le roman sous forme de disgression pour faire le parallèle entre sa vie d’aujourd’hui et celle de Thoreau à l’époque. Son constant étant que le discours écologiste émergent de Thoreau, s’applique encore davantage aujourd’hui, notamment cette idée de simplicité volontaire. Intéressant, mais je ne suis pas certain d’apprécier ces disgressions, j’ai l’impression qu’elle brise le rythme.

En somme j’ai bien aimé cet ouvrage, une belle introduction à Thoreau comme peut l’être l’album «Retour à Walden» (2018) de Richard Séguin auquel Hamelin a participé. Toutefois, j’ai davantage apprécié son incursion dans la vie de John-James Audubon.

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