Je viens de terminer la lecture de «Les marins ne savent pas nager», un roman de Dominique Scali, une belle brique de plus de 700 pages. L’auteur nous raconte les aventures de Danaé Berrubé-Portanguen dite Poussin qui se déroule sur une quarantaine d’années au XVIIIe siècle. Nous nous retrouvons dans un monde imaginaire sur l’île d’Ys dans l’Atlantique Nord, là où les habitants sont divisés en «citoyens» qui habitent la cité et en «riverains» qui vivent sur le littoral en dehors des murs. Les Issois sont nécessairement des fils et des filles de marins, puisqu'il fallait être marin pour se rendre sur l’île. C'est aussi un peuple où les femmes jouent un rôle important étant donné que les enfants sont mis au monde et élevés par leur mère pendant que leurs pères sont partis en mer.
Fait inusité sur cette île, Danaé Poussin, une riveraine orpheline, sait nager ce qui lui permettra d’aller piller plus facilement les épaves des nombreux navires qui s’échouent autour de l’île. Par le fait même, elle sera également appelée à porter secours à des marins naufragés.Les aventures de Danaé sont structurées en cinq parties qui l’amèneront à côtoyer quotidiennement autant d’hommes. Les voici dans l’ordre : Le Duelliste - Enoc Martel, Le Prince Voleur - Renaud Bertiz, Le Prince Joueur - Artimon Phélan, Le Prince Nageur - Jacques Duval et Le Bâtisseur - Augustin Joybert. Ces hommes influenceront grandement le destin de Danaé. Elle apprendra à lire et écrire tout en devenant une fine épée. Elle tombera éperdument amoureuse et sera échaudée. Elle sera une «invitée» dans la cité, mais retournera abruptement à la rive. Elle rencontrera son homme, son marin nageur, son pilote puis elle adoptera un orphelin différent.
Dominique Scali fait preuve d’une imagination débordante pour le plus grand plaisir du lecteur. Pour bien camper le XVIIIe siècle, elle introduit une langue d’époque dans les dialogues, ce que j’ai trouvé tout à fait amusant. Puis cette idée de la cité fortifiée qui place les «citoyens» à l’abri des grandes marées de l’équinoxe qui tue des centaines de «riverains» deux fois par année peut évoquer toute sorte de privilège de classe ou de caste dans notre monde d’aujourd’hui. Les «riverains» vivent en marge de la cité et rêve d’y accéder lors des «grandes rotations» où des invitations sont lancées. Ce roman nous permet de connaître toute une brochette de personnages fascinants et il constitue une merveilleuse incursion dans le monde maritime de la navigation à la voile .
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