La Montagne magique de Thomas Mann


J'ai lu «La Montagne magique» (1924 / 1926), une brique de plus de 1000 pages écrite par Thomas Mann (1875-1955) un écrivain allemand, lauréat du prix Nobel de littérature en 1929. Mann a été l'une des figures clés de la littérature allemande du XXe siècle. Il a fui l'Allemagne nazie en 1933 en raison de ses critiques ouvertes du régime. Il a émigré aux États-Unis.

Son roman «La Montagne magique» a été rédigé de 1912 à 1923 suite à un séjour de son épouse dans un sanatorium suisse. L'auteur nous raconte le séjour de Hans Castorp, un jeune Allemand, qui rend visite à son cousin malade dans un sanatorium, le Berghof (inspiré du Berghotel Schatzalp) situé en altitude. De ce fait, il y est souvent question dans le roman du «monde d'en haut» et du «monde d'en bas», ou le «pays plat». La visite de courtoisie de Hans devait ne durer que quelques semaines, mais elle s'est transformée en un séjour prolongé de sept ans. Il s'agit en quelque sorte d'un huis clos puisque le roman se déroule presque entièrement dans le sanatorium où Hans côtoie tout une brochette de personnages plus ou moins importants. Bien entendu, ce contexte est propice pour mettre en place des discussions entre les personnages et plus particulièrement autour de la maladie et de la mort. Le sanatorium étant un lieu de guérison, les échanges portent sur les différentes attitudes face à la maladie elle-même, la souffrance et la confrontation à la mort. On pensera évidemment à la notion de «mourir dans la dignité» et aux questions que soulèvent les suicides.

D'autre part, le sanatorium place Hans dans un environnement où le temps semble s'étirer au travers d'une routine qui revient en boucle. Le temps est probablement un des éléments centraux du roman. Ce qui amène les personnages à discuter de la nature subjective du temps, de son élasticité... lorsque nous faisons quelque chose qui nous plaît, le temps est court; lorsque nous attendons pour un rendez-vous, le temps est long. Il y a plusieurs réflexions sur le temps de la part du narrateur au début des chapitres. Le médecin en chef fait ses prescriptions de séjour en semaines et en mois. D'ailleurs, un autre lecteur me faisait remarquer que le temps est compté en heures au début du roman, puis en journée, en semaine, en mois et finalement en année...

Outre les deux thèmes centraux précédents, le roman donne lieu à beaucoup d'échanges «philosophiques» dont je n'étais pas toujours en mesure de saisir toute la portée faute de connaissances des références et par la complexité de l'écriture. Plusieurs de ces discussions philosophiques vont prendre place dans le cadre des échanges de Hans avec Settembrini. Les joutes oratoires entre Naphta et Settembrini vont également être l'occasion pour l'auteur de faire état de ses idées notamment en matière de politique. Il sera question de religion et de spiritualité, de psychologie et de la nature humaine, etc. Lorsque ces sujets sont abordés, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit des idées et propositions de l'époque, le début du XXe siècle.

Quant au récit du séjour en lui-même, l'auteur nous raconte les événements avec beaucoup de détails et de longue description des lieux, de l'environnement, du physique des personnages et de leur routine. Malgré cela, on assiste à des scènes humoristiques et à d'autres très dramatiques. Ainsi, bien que le roman puisse être très intéressant, je l'ai tout de même trouvé long, longtemps.

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