On ne réveille pas un chien endormi de Ian Rankin

 Le roman policier «On ne réveille pas un chien endormi» (2013/2015) de Ian Rankin est le 19e dans la série des enquêtes de John Rebus. À ce jour, il y a maintenant 24 aventures en tout. De prime abord je n’ai pas vraiment aimé le choix du titre, le titre original en anglais est «Saints of the Shadow Bible». C’est d’autant plus vrai qu’il est question des «Saints of the Shadow Bible» tout au long du roman quasiment jusqu’à la page 430!

J’ai déjà parlé de Ian Rankin, auteur écossais de réputation internationale, et de son enquêteur John Rebus porteur de tous les clichés des enquêteurs marginaux; ex-membre des forces spéciales de l’armée britannique, divorcé, une fille qu’il ne voit plus, un frère bandit, porté sur la bouteille, fan de musique rock des années 70, fuit la hiérarchie, un fumeur, pratiquement incapable de travailler en équipe, etc., mais il résout toujours ses enquêtes et généralement avec l’aide d’un ou deux criminels. En plus, pour ceux et celles qui connaisse Michael Connelly et son enquêteur Harry Bosch, vous constaterez que Rebus et Bosh ont quelques points en commun, comme leur retour en service après la retraite. J’ajouterais, sans que cela soit «obligatoire», qu’il est probablement plus agréable de connaître un peu Rebus avant d’entreprendre la lecture de ce 19e opus.

Ainsi, dans ce roman, nous retrouvons Rebus qui vient de réintégrer le bureau des enquêtes criminelles d'Édimbourg après un bref séjour à la retraite. Rebus travaille désormais sous les ordres de Siobhan Clarke, une jeune inspectrice dont il a assuré la formation. Il est affecté à une «banale» enquête d’accident de voiture, mais Rebus émet un doute quant à l'identité du conducteur. Cet accident de voiture impliquait la jeune Jessica Traynor qui se trouve à être la petite amie de Forbes McCuskey, le fils de Patrick McCuskey, le ministre de la Justice et chef du camp du oui au référendum sur l'indépendance de l'Écosse, qui se fera assassiner quelques jours plus tard...

Au même moment, vient d’être adoptée une nouvelle loi qui autorise le réexamen de vieux dossiers criminels en levant certaines restrictions. Cette opportunité amène la section des affaires internes, via l'enquêteur Malcom Fox, à rouvrir une affaire de bavure policière qui date de plus de trente ans. Ces événements sont survenus autrefois au bureau de Summerhall dont les policiers s'appelaient entre eux les «Saints of the Shadow Bible», Rebus était alors une recrue dans cette équipe. Pour mettre un peu de piquant, Stefan Gilmour, aujourd’hui chef de file des partisans du non, était l'enquêteur en chef et l’initiateur des «Saints». Le procureur de l’époque a vu le procès pour meurtre de Billy Saunders, un dossier qui semblait portant solide, tombé à l’eau par la faute des policiers de Summerhall. Que s’est-il passé? Tout au long du roman, l’allégeance de Rebus est remise en question.

On apprend tout cela tout de même assez vite au début du roman. Ce qui a pour effet, à mon avis, d'indisposer légèrement le lecteur. Il se sent un peu perdu, beaucoup de personnages a assimilé, plusieurs dossiers d’enquête différents à démêler, puis est-ce qu’appartenir au camp du oui ou du non est important? Bien sûr, on finit par s’y retrouver et on souhaite connaître le dénouement des affaires rapidement.

Comme on peut s’y attendre, il y a plein de rebondissements, de fausses pistes, des liens entre les enquêtes qu’on ne trouve que dans des romans. L’éclosion de duo d'enquêteurs improbable. Rankin attache doucement toutes les ficelles en donnant peu de chances au lecteur de trouver le coupable avant l’enquêteur Rebus. Comme il est dit en quatrième de couverture: «Un grand Rebus sur fond de référendum sur l’indépendance de l’Écosse.». Je vous le recommande, mais pas comme votre première enquête de John Rebus, pour ma part c’était mon cinquième Rankin / Rebus.

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