État de terreur de Hillary Rodham Clinton et Louise Penny


Hillary Rodham Clinton et Louise Penny ont rédigé ensemble «État de terreur» (2021/2022), un thriller politique international. La proposition de coécrire un roman est d'abord venue de l'éditeur d'Hillary Clinton qui voulait reproduire ce que Bill Clinton et James Patterson avaient fait (deux romans policiers). Dès l'annonce de cette collaboration, j'avais hâte de lire ce roman parce que je connaissais les romans policiers de Louise Penny. Puis, après avoir lu «Pour rien au monde» de Ken Follet, un thriller politique du même genre, je souhaitais d'une certaine façon, comparer les deux.

Dans «État de terreur», Ellen Adams est la nouvelle Secrétaire d'État des États-Unis suite aux plus récentes élections qui ont entraîné un changement de gouvernement. La nouvelle administration du Président Williams succède à celle d'Eric Dunn, un politicien incompétent qui a semé le chaos dans l'appareil gouvernemental, mais surtout dans les relations diplomatiques des États-Unis (une sorte d'hommage à Trump ici). D'autre part, les analystes politiques n'ont pas compris la nomination d'Adams puisqu'elle est une adversaire du Président Williams. D'ailleurs, elle ne s'entend pas très bien avec son président et ce dernier la nommer pour tenter de l'humilier et de la détruire politiquement. Malheureusement pour lui, son entreprise de destruction est mise à mal suite à une série d'attentats meurtriers à Londres, Paris et Francfort. Une agente du Service extérieur du secrétariat d’État, Anahita Dahir, reçoit d’une source anonyme un message crypté qu'elle interprétera comme étant lié aux attentats. La panique s'empare des organisations antiterroristes américaines et internationales.

S'engage alors une chasse aux informations. La Secrétaire d'État se rend dans différents pays plus ou moins alliés, pour trouver des renseignements et éventuellement en donner. On cherche surtout à éviter le prochain attentat. Ellen Adams est notamment accompagnée de sa vieille amie dont elle a fait sa conseillère, de sa fille et également en parallèle par son fils qui a été blessé lors d'un des attentats. La quête d'information se fait quasiment sous la forme de quiz, de rebut ou de devinette... Quels mots retenir de la conversation, que voulait-il dire par..., que signifie ces chiffres... Le Pakistan, l'Iran, l'Afghanistan et la Russie sont au cœur du conflit, mais derrière tout cela il y a un homme terrifiant, Bashir Shaw, un vendeur d'armes dont la Secrétaire d'État est une ennemie personnelle. Adams est d'ailleurs convaincue que c'est Shaw qui a empoisonné son mari. Curieusement, Shaw connaît tout les déplacements de la Secrétaire d'État et même le contenu de ses conversations avec les chefs d'État. Y a-t-il des traites dans la salle? On sent le retour d'une sorte «d'axe du mal» qui prend la forme d'une alliance de malfaiteurs internationaux qui ne travaillaient pas nécessairement ensemble. La mafia russe dirigée par Maxim Ivanov, le président de la Russie, le vendeur d'armes Bashir Shaw, les martyrs d'al-Qaïda et l’extrême droite américaine! Le lecteur est conscient de ce terrorisme intérieur américain que tard dans le roman. Finalement, les bombes qui devaient exploser aux États-Unis dans le but de renverser le gouvernement seront désamorcées à la dernière seconde...

Pour tout vous dire, j'ai été un peu déçu, probablement que mes attentes étaient trop grandes. Nous sommes tout de même en face d'un très bon thriller politique puisqu'à chaque chapitre le lecteur veut connaître la suite. Il y a des liens avec la réalité géopolitique d'aujourd'hui, il y a plusieurs personnages intéressants au cœur de l'intrigue, un peu d'humour et des personnages féminins forts. Le fait que ce roman soit écrit par deux femmes transparaît dans tout le roman, l'attitude mesquine des hommes et la misogynie ambiante y sont soulignées. Oui, le lecteur aime pouvoir se dire que cela pourrait arriver même s'il ne le souhaite pas. J'ai aimé que Clinton et Penny choisissent la montée de l'extrême droite des suprémacistes comme trame de fond de toute l'affaire parce qu'il s'agit là de quelque chose de plus insidieux qui gangrène l'ensemble de la société.

En ce sens, j'aime mieux ce choix que la menace nucléaire de Ken Follet. Il y a moins de morts dans «État de terreur» que dans «Pour rien au monde». L'intrigue de Clinton et Penny est plus subtile, plus intellectuelle et fait encore plus appel à la diplomatie. Les forces militaires y prennent un peu moins de place. Tout comme j'ai été un peu agacé par le volet «James Bond» du roman de Follet, l'omniprésence de la fille et du fils de la Secrétaire d'État enlève un peu de crédibilité au récit de Clinton et Penny. Ça demeure du bon divertissement, bien écrit et jusqu'à un certain point «éducatif». Elles ont déjà signé pour en faire un film...

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