Les nuits de la peste de Orhan Pamuk

 «Les nuits de la peste» (2021) d’Orhan Pamuk est une brique de 688 pages et oui, c'est un peu long à lire. Pamuk est un écrivain turc, prix Nobel de la littérature. Plonger dans son œuvre c'est se frotter à une autre culture, à un autre monde qui m'est inconnu, mais c'est aussi ce qui rend le récit intéressant.

Dans ce cas-ci, avec «Les nuits de la peste» nous sommes rapidement happés par les comparaisons évidentes avec les moments les plus intenses de la pandémie de la COVID, parce qu'il est effectivement question d'une épidémie de la peste en 1901 sur une Île fictive, Mingher. Les personnages centraux sont une princesse, Pakizê et Nuri son époux médecin qui est dépêché sur l'île avec pour combattre l'épidémie et enquêter sur la mort d'un collègue. Il y a donc plusieurs médecins/pharmaciens au cœur de ce roman. Immédiatement à leur arrivée, il est question de chasse aux rats et de confinement. Toutefois, ils (les médecins) sont d'abord confrontés au déni «il n'y a pas de peste sur notre île», puis les religions, les cultures, le commerce, la politique, les complots se dressent comme autant d'enjeux et de contraintes à contrecarrer pour limiter la propagation de la maladie. Un conseil sanitaire est mis en place pour prendre les décisions et faire le suivi du nombre de morts et de leur emplacement sur une grande carte de l'île pour identifier les lieux d'éclosion.

Il devient évident que la peste se répand sur l'île, les plus fortunés quittent avant que les bateaux n'aient plus accès au port, les billets deviennent rares, dispendieux et même parfois vendus en double... Les dirigeants ne sont plus en contrôle de la situation dans le port, il en va de même pour les denrées qui disparaissent rapidement. Lorsqu'un des médecins envoyés par le sultan Abdülhamid II est assassiné c'est la débandade... À partir de là, les grecs orthodoxes soupçonnent les musulmans qui eux accusent les grecs, le gouverneur Sami Pacha veut régler de vieilles querelles puis les morts s'accumulent; de la peste, des complots d'empoisonnement, des interventions armées de la brigade de la quarantaine et une révolution de palais qui fait plusieurs morts. Arrosez le tout de rivalités politiques, d'abus de pouvoir, de censure et de quelques relations amoureuses intenses et vous obtenez une saga historique pleine de rebondissement qui se déroule uniquement sur six mois, c'est intense.

C'est Mîna Mingherli, PhD en histoire et arrière-petite-fille de la princesse Pakizé qui est la narratrice de cette fresque historique. Elle attache toutes les ficelles des histoires dans le dernier chapitre «Quelques années plus tard». Bien que l'épidémie soit la trame de fond de ce roman, ce qu'elle met en évidence, les faiblesses des hommes, devient plus important à mesure que le récit progresse. Je vous donne en exemple le fait que l'île aura quatre présidents de la nouvelle République de Mingher en quelque mois...

J'ai apprécié ce roman pour la culture turque, l'aspect historique qui mêle la réalité et la fiction et le volet pandémique. Toutefois, il y a vraiment des longueurs et des répétitions. Il doit y avoir des dizaines de tours de la capitale en calèche avec des descriptions des bâtiments, des jardins, des paysages et des événements... Je me suis bien amusé en lisant dans un roman turc l'expression «péter plus haut que le trou» p.621

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